Changement de taille dans la vie d’un expat’ qui arrive aux Pays-Bas : le vélo. À La Haye, lorsqu’on sait que traverser la ville de bout en bout prend seulement 45 minutes pour un cycliste de niveau moyen, l’utilisation du « fiet » devient rapidement une évidence.
Grand bien nous fasse ! En plus de représenter le transport eco-friendly par excellence, son exercice quotidien a un impact santé non négligeable, que ce soit à titre préventif ou en traitement. Maladies cardiovasculaires, diabète, rhumatisme, surpoids, le vélo a tout bon… Encore faut-il survivre sur la route nous direz-vous, et vous n’aurez pas tort, car autant la pratique du vélo semble inscrite dans les gènes des Néerlandais, autant pour le reste du monde, c’est une toute autre histoire.
Casque ou pas casque ?
Vous vous êtes surement demandé pourquoi le casque, si largement porté en France, n’est guère plébiscité ici. Tout comme en France, ceci est un sujet maint fois remis sur la table des législations. Un tout récent sondage mené par la Fédération des cyclistes néerlandais (Fietsersbond) révèle qu’une très grande majorité des Néerlandais ne souhaitent tout bonnement pas rendre le port du casque obligatoire. Plusieurs raisons à cela. Des études auraient observé la contre-productivité d’une telle mesure. L’Australie par exemple, dont la loi sur le port du casque obligatoire semble avoir été délétère au fil du temps, a découragé beaucoup d’usagers de la pratique, créant au final « un préjudice plus large pour la santé de la population, résultant de la réduction du cyclisme ». Par ailleurs, le casque donnerait au cycliste et à l’automobiliste un faux sentiment de sécurité : « Il est bien établi que les automobilistes laissent moins d’espace de dépassement à un cycliste casqué. Faire dépendre la sécurité des cyclistes de l’obligation du port du casque et y consacrer tous les efforts serait même dangereux ! » d’après la fédération.
Une forte volonté politique
A la place, depuis 40 ans, les politiques ont préféré miser sur la quantité des infrastructures (37000 km de voies cyclables), leur aménagement pragmatique et les facilités déployées, telles que les parkings à vélos. Une organisation cohérente qui a placé les Pays-Bas au palmarès des pays "cyclables" les plus sûrs. Cette "culture vélo" est acquise aussi dès l’enfance, puisque toutes les écoles primaires néerlandaises organisent des cours de sécurité routière "Veilig verkeer". Avec un tel investissement, à la fois des pouvoirs publics et de la population, on comprend mieux pourquoi le casque passe au second rang.
Plus de vélos que d’habitants aux Pays-Bas, ce n’est pas une légende ! Avec 23 millions de vélos possédés, dont 2 millions de vélos électriques, cela donne une moyenne d’1,5 vélo par personne.
La sécurité, au cœur des préoccupations
Pour autant, les accidents surviennent. Selon les chiffres officiels, environ 14 000 cyclistes sont blessés dans la circulation chaque année aux Pays-Bas. En 2018, 69 % du nombre total de blessés graves de la route étaient des piétons ou des cyclistes. Enfin, selon le site d’infos nos.nl, les deux tiers des blessures graves enregistrées en 2021, telles que fracture ou traumatisme crânien, concernaient des cyclistes. Si le casque n’est pas donc la (seule) réponse adaptée à une bonne protection, comment pouvons nous agir pour une meilleure sécurité ?
En premier lieu, il faut veiller à constamment augmenter les compétences et connaissances des cyclistes selon la fédération, a fortiori surtout lorsque ceux-ci n’ont pas grandi aux Pays-Bas. Et parce qu’un cycliste averti en vaut deux, The Hague International Center propose un guide pratique téléchargeable ici, parfaitement adaptés aux nouveaux venus et disponible en français. Vous trouverez également un bon condensé d’infos très pratiques sur notre site. Enfin, les conseils impératifs pour la conduite de nuit se trouvent ici.
Si vous envisagez une (re)mise à niveau, cela peut aussi se faire via des cours au Hetfietscollege (beaucoup d’attente actuellement) ou en trouvant une école près de chez vous. Enfin, pour les débutants et nouveaux arrivants, des cours spéciaux collectifs ou individuels sont dispensés ici.
Des efforts en continu
Les efforts continus en matière d’infrastructure sécuritaire sont aussi la clé. Fietsersbond, dans une série de 10 recommandations pour l’amélioration de la sécurité à vélo, préconise notamment d’accorder beaucoup plus d’attention à la cause des accidents pour être en mesure de créer de meilleures réponses dans les aménagements. Et bien sûr, de continuer à concevoir les routes non pas en priorité pour les automobilistes, mais pour les personnes les plus vulnérables tels que piétons ou cyclistes... un modèle bien inspirant ! Les ronds-points néerlandais par exemple, sont en effet un aménagement urbain type axé sur les vélos et piétons. Environ 60 % d’entre eux disposent d’une piste cyclable circulaire séparée qui fait le tour du rond-point et croise ses sorties.
Le gouvernement, quant à lui, semble vouloir accélérer davantage encore son fort investissement sur "la petite reine". Il y a quelques mois, la secrétaire d’État néerlandaise chargée des infrastructures et de la gestion de l’eau a dévoilé son objectif de 100 000 personnes supplémentaires à vélo au cours des deux prochaines années et demie. Selon EuroNews, les autorités sont également en train de réfléchir à la façon dont elles pourraient fournir des vélos aux plus de 200 000 enfants et jeunes qui n’ont pas les moyens d’en acheter un. Ici, pas de doute, le vélo est vraiment la "petite Reine" !
Pour aller plus loin
D’où vient l’expression "la petite reine" ?
L’expression "petite reine", qui désigne en France la bicyclette est attribuable… à la reine Wilhelmine des Pays-Bas. Elle avait à peine 10 ans lorsqu’elle succéda à Guillaume III à la tête de l’Etat, en 1890.
Le cyclisme en est alors à ses balbutiements, Wilhelmine qui en est clairement une pionnière adore se balader à vélo ! Cette curiosité n’échappe pas à la Presse française qui la surnomme affectueusement : "la petite reine à bicyclette". Reprise par de nombreux journaux, l’expression "la petite reine", par métonymie, est adoptée par l’ensemble de la population pour finalement désigner… la bicyclette.
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