La restitution des œuvres d’art pillées sur site ou volées à leur propriétaire d’origine est un sujet de conflit récurrent entre les pays.
L’Amitié-Club de La Haye propose justement une conférence sur le sujet lundi 6 novembre.
Aux Pays-Bas, le gouvernement a mis en place un comité spécial pour enquêter sur les œuvres d’art pillées par les nazis en sa possession, et déterminer si elles pouvaient être restituées à leurs propriétaires légitimes, souvent des familles juives.
« Nous pensions pouvoir éventuellement restituer une poignée d’œuvres [...], mais nous avons déjà trouvé plus de 30 pièces pour lesquelles cela peut se produire », a déclaré Dolf Muller de l’Agence du patrimoine culturel des Pays-Bas.
Cela peut paraître peu, mais il faut des mois pour retracer l’origine d’un objet, et dans de nombreux cas, cela s’avère impossible, parfois à cause d’un seul document d’archive manquant.
Cette agence enquête sur des centaines d’œuvres d’art, de meubles et de vaisselle appropriés par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, et retrouver leur propriétaire d’origine c’est leur permettre de retrouver un morceau d’histoire familiale.
Si le pillage par les nazis est au centre de l’attention, il faut savoir que les musées néerlandais ont eux-mêmes été victimes de pillages à grande échelle par les soldats français au 18e siècle.
« En 1774, notre dernier stathouder Guillaume V a ouvert le premier musée des Pays-Bas », a déclaré la directrice de Mauritshuis, Martine Gosselink. « C’était une belle collection d’environ 200 peintures, mais en 1795, les Français sont venus aux Pays-Bas et ont emporté toute la collection à Paris - ainsi que sa ménagerie et sa gigantesque collection de 10 000 estampes. »
Les tableaux sont devenus la propriété du Louvre, et si les deux-tiers ont été rendus aux Pays-Bas, il reste 70 tableaux en France.
C’est le sujet de l’exposition Roofkunst (Art spolié) présentée au Mauritshuis du 14 septembre 2023 au 7 janvier 2024 inclus, qui raconte, à l’aide de vidéos, de réalité virtuelle et d’objets créés dans les moindres détails, l’histoire de ces œuvres manquantes ainsi que d’autres œuvres d’art pillées, napoléoniennes, coloniales et nazies.
Martine Gosselink précise que le musée n’a pas l’intention de revendiquer ces pièces : en effet, les Pays-Bas ont la plus forte densité de musées au monde et les réserves sont pleines. Ainsi, ces peintures sont maintenant des « ambassadeurs » de l’art néerlandais du 17ième siècle.
Marie Desrivieres
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