Entres les agriculteurs et les quelque 160 parcs Natura 2 000 protégés par la législation européenne, les relations sont devenues pour le moins... acides. Et l’acidité, c’est bien ce dont il est question, puisque les sols néerlandais en sont gorgés par la présence d’azote, un gaz aux effets dévastateurs pour la flore et la faune.
Ces excès azotés sont principalement liés au secteur agricole car vous le savez, ce sont les déjections animales qui les répandent. Selon les responsables de la Réserve naturelle d’Oisterwijk, ces gaz trop acides ont pour effet, par exemple, de tuer les champignons autour des racines des chênes qui se meurent lentement. Il en va de même pour la population des oiseaux, largement menacée.
La "crise de l’azote" plonge ainsi littéralement le pays dans une tourmente humaine et politique et met en exergue plus globalement les enjeux de l’environnement face à ceux de la croissance économique. Le grand plan national de réduction des émissions azotées mis en place par le gouvernement, vise entre autre l’élevage et envisage de réduire d’un tiers le cheptel global à horizon 2030.
Adieu veau, vache, cochon...
Sept petites années donc pour répondre aux exigences européennes, ce qui conduit dès aujourd’hui certains exploitants agricoles à réduire leur cheptel de manière drastique, parfois au point de devoir abandonner leur exploitation, contre indemnité certes, mais le cœur lourd. Les éleveurs auront le choix entre s’adapter (en utilisant des leviers techniques et en diminuant le cheptel), se délocaliser vers des zones moins sensibles, voire d’autres pays, ou arrêter purement et simplement leur activité.
La mise en activation de ce plan dans le pays a entrainé une colère sociale forte et c’est ainsi que le BBB (Boer Burger Beweging), un parti jusqu’alors inconnu, est parvenu à fédérer le plus grand nombre face au gouvernement lors des dernières élections provinciales.
Les Pays Bas comptent pas moins de 53 000 exploitations, quatre millions de bovins, 12 millions de porcs et 100 millions de poulets sur une toute petite surface agricole. Pour avoir un ordre d’idée, cela représente 1,82 millions d’ha versus 26,8 ha pour la France et 18 millions de vaches). Il s’agit du 2e agro-exportateur mondial derrière les Etats-Unis, en raison notamment de leur caractéristique de plaque tournante du commerce (importation puis exportation).
Aux Pays-Bas, on estime que l’élevage contribue à hauteur de 40 à 60 % aux excès azotés. Ce n’est évidemment pas le seul secteur responsable (transport, construction), mais c’est bien de lui dont on entendra probablement le plus parler ces prochains temps aux Pays-Bas... et peut-être même ailleurs en Europe.
Fabienne Laroque
— -
En savoir +
A visionner en replay pour un meilleur décryptage de la situation, des enjeux et des pistes d’évolution le reportage de France Télévision ci-dessous.
Partager