Les traditionnels « bruine kroegen », ou cafés bruns, sont caractérisées par leur intérieur généralement sombre, leurs tables recouvertes de tapis et leur offre limitée voire nulle d’encas.

À Amsterdam, où ils ont tendance à disparaître, les conseillers municipaux ont voté pour leur donner un statut protégé.
Le leader local du PvdA, Lian Heinhuis, a déclaré qu’ils devraient également être inclus dans la liste du patrimoine immatériel de l’Unesco en raison de leur importance sociale.

À l’heure actuelle, il n’y a que trois traditions néerlandaises inscrites sur la liste du patrimoine culturel de l’Unesco : les corsos (défilés) de fleurs et de fruits, la fauconnerie et l’artisanat du meunier.

Les cafés bruns « font partie de l’âme d’Amsterdam » selon Heinhuis, mais ils disparaissent pour plusieurs raison : la hausse des loyers, une clientèle âgée et l’évolution des habitudes de consommation. Les pubs ont fait la place aux cafés et aux cantines branchés.

Selon l’observateur des tendances de l’hôtellerie Wouter Verkerk, il s’agit d’une évolution de plusieurs décennies. « Les hommes avaient l’habitude d’aller travailler à l’usine et de boire de la bière au pub sur le chemin du retour. Le pub était un lieu de rencontre logique. Aujourd’hui, c’est beaucoup moins courant. »

Le conseil municipal prévoit maintenant de faire l’inventaire des bars et de surveiller leur état de santé. Leur donner un statut protégé ou classé signifie que l’intérieur des bars est soumis à des règles strictes et ne peut pas être modifié sans raison valable.
Le statut de patrimoine protégera également les bars, a déclaré Heinhuis. « L’ensemble des deux devrait garantir que les bruine kroegen, qui revêtent une importance historique, culturelle et socio-économique, ne disparaissent pas de nos rues. »

Marie Desrivieres

Cinq cafés bruns à Amsterdam

• In ’t Aepjen – Zeedijk 1

  

Potentiellement construit au 15e siècle, il était populaire parmi les marins pendant l’âge d’or néerlandais. Ceux-ci revenaient d’Indonésie avec des singes, qui leur servaient parfois de paiement pour leurs consommations, d’où le nom (et la décoration) du pub qui signifie "dans les singes".

• De Druif – Rapenburgerplein 83

De Druif (« Le Raisin ») sert des spiritueux depuis au moins 1631 mais aurait ouvert ses portes en 1585. De Druif est actuellement décoré avec de la moquette, de vieux fûts et une lampe en laiton particulière qui est suspendue au-dessus du bar. L’ancienne cage d’escalier qui mène à la salle de bain de la cave est aussi l’une des plus précaires de la ville.

• Café Papeneiland – Prinsengracht 2

  

Ses premières années sont entourées de mystère et d’intrigue. Certains disent que dès 1600, un entrepreneur de pompes funèbres y vendait des « substances » à ses clients encore vivants. Il y a aussi un tunnel caché qui a été utilisé comme voie d’évacuation par les catholiques à une époque où leur religion était déclarée illégale par les responsables gouvernementaux.
Le site web du café, quant à lui, affirme qu’il a ouvert ses portes en 1642.

• Café Karpershoek – Martelaarsgracht 2

Beaucoup de gens prétendent qu’il s’agit de la plus ancienne taverne d’Amsterdam et qu’elle a ouvert ses portes pour la première fois en 1606. Le pub revendique également le plus ancien permis d’alcool de la ville.
Au 17ème siècle, bien avant la construction de la gare (situé en face du pub aujourd’hui), il se trouvait le long d’un ancien port et servait d’auberge offrant nourriture, boissons et hébergement aux membres de l’équipage de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales.

• In de Olofspoort – Nieuwebrugsteeg 13

  

« Een dranck, bitter of soet, geeft vrolijkheidt en moedt. »
Ces mots, écrits dans une forme plus ancienne du néerlandais, se trouvent sur une étagère au-dessus du bar. La traduction : « un verre, doux ou amer, donne du bonheur et du courage ».
Alors que beaucoup pourraient supposer qu’In de Olofspoort est l’un des plus anciens débits de boissons de la ville, compte tenu de son emplacement et de son décor, il ne sert en fait des boissons que depuis les années 1980. Il a d’abord été un magasin de chapeaux, puis une boulangerie.

attention l’abus d’alcool est dangereux pour la santé