Avec l’artiste Delphine Le Bret, on parle motif, couleur, matière et ses yeux rieurs pétillent. Avec elle, on sent que le beau est à saisir partout, que tout l’inspire, que tout est support pour l’art. Cette touche-à-tout curieuse et inventive travaille en tant qu’artiste et aussi, surprise... dans la restauration de bâtiment, parce que rien ne l’arrête. Mais d’où lui vient cette énergie créative ? L’Accueil a voulu en savoir plus.
Accueil La Haye : Delphine, d’où viens-tu et quel est ton parcours ?
Delphine Le Bret : Je suis originaire de Lyon et je vis maintenant depuis 12 ans à La Haye. Après des études d’Arts appliqués à Bruxelles, j’ai été dessinatrice textile pendant plus de 10 ans. Je créais des motifs pour les tissus dans le domaine de la mode et de l’ameublement.
Tout est support pour l’art ©DLB
ALH : Aujourd’hui ton activité a évolué puisque tu as un pied dans l’atelier et l’autre dans le chantier, n’est-ce pas ?
DLB : Oui tout à fait, j’ai arrêté le travail de dessinatrice textile car je travaillais trop sur ordinateur à mon goût, j’avais besoin de quelque chose de plus concret. Il me manquait l’aspect physique, le toucher, le résultat immédiat. Je savais déjà que l’univers de l’aménagement intérieur et des travaux me plaisait et, coïncidence ou pas, à ce moment-là une amie m’a formée à la technique des enduits à la chaux.
ALH : C’est vraiment un grand écart !
DLB : Oui ! Je me suis retrouvée dans le bâtiment, carrément avec la bétonnière (rires). La chaux est beaucoup utilisée pour les fresques, mais elle permet aussi la restauration de maisons anciennes car c’est un enduit qui laisse respirer les murs. C’est un travail physique et vraiment toute une ambiance ! C’est très plaisant, car tu utilises la matière, le corps, tu es dans le mouvement et le résultat est immédiat. Tu commences un chantier et trois semaines après, tout est restauré. Aujourd’hui, parallèlement à mon travail d’artiste, je donne aussi des formations de cette technique à la chaux.
ALH : Il y a un pont entre artiste et restauratrice ?
DLB : Oui, indéniablement, le lien c’est la matière et bien sûr la couleur aussi. Je mets ma touche artistique aussi dans ce travail, même si ça reste du bâtiment. J’ai aussi un papa qui est très bricoleur et avec lequel j’ai toujours aimé travailler. J’avais donc sûrement cette fibre car j’aime fabriquer par moi-même. Du reste, je ne m’assume pas spécialement comme artiste, mais plutôt comme artisan ou entre les deux en tout cas.
ALH : Tu aimes aussi beaucoup transmettre.
DLB : Oui en effet, j’ai toujours animé des ateliers avec les enfants, même dans ma période textile. Je propose des stages vacances pour les enfants et des ateliers réguliers pour les adultes. L’idée c’est de découvrir, d’aller au-delà de ses a-priori de type "je ne sais pas dessiner" et d’essayer des techniques variées qui donnent envie d’aller plus loin. Il y a tous les niveaux et chacun vient avec son envie d’essayer.
ALH : Pourquoi le dessin attire tant de gens à ton sens ?
DLB : Je dirais que l’on découvre énormément dans les cours de dessins. Et puis c’est reposant, on prend le temps. Le cours donne cette occasion dont les gens ne disposent peut-être pas au quotidien. Certains de mes élèves posent même leur journée pour venir dessiner. Ils ont souvent du talent. J’ajoute les "petits trucs" de mon expérience qui va les faire avancer plus vite. Les choses se construisent plus facilement. Ils sont libres et à la fois guidés. C’est pareil du reste dans les ateliers pour enfants où leur créativité s’exprime, mais de manière plus fluide car ils sont aidés dans la technique. J’aime faire sortir la petite originalité de chacun.
ALH : Quelles techniques proposes-tu à tes élèves ?
DLB : Elles sont très variées et évidemment j’utilise celles avec lesquelles je me sens à l’aise. La gouache, les pastels, mais aussi la lino gravure pour travailler le contraste, le noir et blanc, le plein et le vide. J’enseigne aussi l’acrylique en restant dans la composition abstraite. Je propose enfin une introduction à la peinture à l’huile et au dessin au trait. J’aime beaucoup faire découvrir les caractéristiques et les possibilités de chaque technique à mes élèves. Une question importante est : quoi peindre et comment peindre, autrement dit, en fonction du sujet que tu choisis, quelle technique vas-tu employer. Pour un paysage du Sud par exemple, j’aime la douceur des pastels pour retranscrire les lumières...
ALH : As-tu le temps pour d’autres passions ?
DLB : Absolument ! J’adore la nature et la montagne, j’ai fait énormément d’escalade par le passé. C’est tout un mode de vie, un peu bohème, qui me correspond. Je m’y remets quand je retourne en France, où j’ai une maison en Haute Savoie. J’y organise aussi des stages de plusieurs jours pendant l’été, notamment pour dessiner les paysages de montagne. La boucle est bouclée !
ALH : La bonne adresse que tu voudrais nous recommander ?
DLB : J’en ai deux. Le Musée de Voorlinden à Wassenaar, aussi bien pour l’architecture du bâtiment, les jardins ou bien l’agencement des expositions. Et à Amsterdam, j’ai envie de recommander De Plek, derrière la gare. On prend un ferry pour y aller et c’est une sorte d’ancienne friche industrielle avec un marché, des brocanteurs, des expositions...
ALH : Quels sont tes prochains projets ?
DLB : J’expose prochainement parmi d’autres artistes/artisans les 24 et 25 novembre prochains sur La Haye. Egalement, avec l’illustrateur Emmanuel Volant, nous avons le projet de proposer un événement, probablement en mars-avril ; ce sera un festival pour enfants et parents autour de la création. Ce n’est pas tout à fait prêt, et je ne peux pas en dire plus, mais ce sera très sympa et j’espère vous y voir nombreux.
Fabienne Laroque 🖌️
Le travail de Delphine, son univers, ses expositions, ainsi que ses différents stages et ateliers sont à découvrir ici :
Cours adultes : tous les vendredis, déjeuner inclus car Delphine qui adore (aussi !) la cuisine, vous préparera un petit plat dont elle a le secret...
Photos : Delphine Le Bret