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Allumer le feu !

Allumer le feu !

La tradition des feux de joie est répandue dans de nombreux pays, mais ici, aux Pays-Bas, elle prend une toute autre ampleur.

A l’origine

La tradition de brûler des arbres de Noël est très ancienne, probablement aussi ancienne que le concept du sapin de Noël. Mais la véritable récolte d’arbres de Noël n’a commencé qu’après la Seconde Guerre mondiale : après Noël, les jeunes ont commencé à rassembler des arbres de Noël pour un beau feu de joie. Cela permettait à tout le monde de célébrer le réveillon du Nouvel An avec peu de moyens et de se retrouver entre voisins.

Chasseurs d’arbres

C’est vite devenu un véritable sport de ramasser autant d’arbres, de pneus et de bois que possible pour faire le plus grand feu. Tout a commencé par une rivalité entre jeunes de différentes rues, mais ils ont commencé à se voler des arbres et la bataille est devenue de plus en plus intense et dans les années 60 il y a eu de grandes émeutes.

L’Algemeen Dagblad écrit le 2 janvier 1960 : " La nouvelle année avait à peine cinq heures lorsque le tristement célèbre Schildersbuurt ressemblait à une guerre civile : trottoirs cassés, feux couvants, lampadaires brisés, vitres brisées, poteaux de circulation tordus et voitures endommagées. Les routes étaient jonchées de pierres, de bâtons, de bouteilles cassées, de meubles à moitié brûlés, d’étagères et de meubles."

L’escalade

En 1961, des affrontements avec la police se sont soldés par un décès mais loin de ralentir ce mouvement, les années 70 et 80 ont vu des quartiers entiers s’affronter, des voitures incendiées et des dégâts considérables qui ont coûté des millions au gouvernement.

Le gouvernement a alors tenté d’organiser lui-même les festivités en désignant des endroits autorisés pour les feux, en déversant du sable pour limiter les dégâts, en interdisant de brûler des pneus et en fournissant des palettes en bois.

Pour le réveillon 2018/2019, les feux de joies des plages de Scheveningen et de Duindorp sont devenus incontrôlables : empilements de palettes gigantesques (50 mètres de haut !) et vents cumulés ont donné lieu à des tornades de feu et des pluies d’étincelles. La fête s’est terminée avec des maisons incendiées et des mouvements de panique.

Et cette année ?

Au cours des deux dernières années, les feux de joies ont été annulés en raison des mesures Covid.
Cette année les règles sont strictes : le bûcher ne doit mesurer "que" dix mètres sur dix, soit environ 7230 palettes, et l’empilage des palettes se fera traditionnellement à la main sans l’aide d’équipements de construction.

Un site Facebook est consacré à l’évènement dont les Néerlandais sont fiers : en 2016, Scheveningen a été nommé le plus grand feu de joie selon le Livre Guinness des records.

Marie Desrivieres